Disparition d’Alice Paris à Bir Retma en 1950
Cette région au sol fertile de tirs (pourvu en éléments fertilisants et retenant considérablement l’eau) était propice à toutes sortes de cultures, légumes et céréales.
Les fermes disposaient d’étables pour le bétail et parfois des chevaux, et des cochons pour la consommation personnelle des intéressés. Ces exploitations employaient une main-d’œuvre marocaine locale.
La région de Bir Retma était très appréciée puisque outre la fertilité des sols, le terroir était à mi-chemin entre deux villes importantes El Jadida et Casablanca, desservies par deux routes : la route nationale et celle côtière dite de l’Oulja.
La zone se situait à presque un km de la mer vers l’embouchure de l’oued Houéra.
Dans cet endroit de Bir Retma se trouvait, entre autres, la ferme d’un commandant retraité de l’Armée française, Léopold Paris, qui cultivait céréales et élevait du bétail.
A sa mort, son épouse Alice Paris (née Bertaut) resta sur le domaine et continua de gérer l’exploitation avec l’aide d’ouvriers marocains et de son gendre Charles. Ce dernier, marié à Ginette Paris, née en 1919, exploitait une ferme à une dizaine de km vers la côte où il élevait en liberté des dindons et des pintades et a réussi à faire naître un genre hybride de ces gallinacés.
D’ailleurs c’était là le sujet de la thèse de doctorat du mazaganais Claude Barraud pour l’obtention du diplôme de vétérinaire (voir son témoignage dans mon livre « Une vie de colon à Mazagan » publié en 2012).
Mais un jour le voisinage de Bir Retma s’inquiéta de la disparition de Mme Paris. En forçant la porte de sa villa, on découvrit son corps dans une marre de sang : elle avait été assassinée. Les recherches pour retrouver le coupable furent difficiles. La ferme de Mme Paris fut reprise par son gendre afin de ne pas rester à l’abandon. Pour Mme Yvonne Feron, enseignante retraitée, ancienne de Bir-Jdid, elle m’a écrit : « Mme Paris a été effectivement assassinée chez elle, mais j’ignore s’il s’agit d’un crime crapuleux ou d’une victime politique prise au hasard comme il y en a eu quelques unes à cette époque, les deux hypothèses avaient été envisagées. La dame vivait seule chez elle à ce moment-là près de Bir-Jdid. Nous avons tous été très affectés, européens comme marocains ».
Vu l’ancienneté de cet incident, mes interlocuteurs, sur place, ne disposent pas d’informations quant au sort qui fut réservé à l’auteur du drame par les autorités de l’époque.
Par ailleurs, on remarque encore dans la ferme, en face de la villa Paris, l’existence d’une belle kouba en guise de petite chapelle qui a servi comme caveau pour l’enterrement provisoire de Mme Paris avant que sa dépouille ne fût transférée quelques années plus tard en France.
Brahim Battah a diffusé le 17 janvier 2021 sur Youtube un film montrant les vestiges de la ferme et de la maison de Mme Paris dans la commune rurale de M’harza Sahel où a vécu la défunte.
jmahrim@yahoo.fr
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